Récemment, j’ai eu la chance de recevoir Hélène Kerberenes sur le podcast. Hélène est consultante en management, formatrice et accompagne également les dirigeants, managers et pilotes de projets à travers des séances de coaching.Pour ce premier épisode de podcast, nous avons échangé au sujet d’une problématique à laquelle de nombreux gestionnaires de projet sont confrontés. Il s’agit de la confiance en soi. Cet article reprend, dans les grandes lignes, les éléments partagés au sein du podcast. Je vous invite toutefois à écouter l’épisode qui vous donnera plus de détails sur ce sujet.
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Définir la confiance en soi
Pour commencer, Hélène s’inspire d’un modèle appelé “les 5C”, issu des travaux de Robert Dilts et Gregory Bateson pour définir la confiance en soi. Elle nous indique qu’avoir confiance en soi, c’est avoir un Concept de soi fort et solide qui soit capable de se remettre en cause en s’enrichissant lorsque doivent évoluer le Contexte, les Capacités, les Comportements et les Croyances.
Pour un gestionnaire de projet, la confiance en soi est primordiale pour piloter correctement les projets.
Le concept de « secure base leadership »
Les travaux de Georges Kohlrieser indiquent que la confiance s’acquiert notamment par l’expérience, dans les relations et dans l’action. Lorsque le gestionnaire de projet est dans sa « secure base », il permet effectivement à ses interlocuteurs de ressentir un sentiment de protection, de sécurité et d’attention porté sur eux. Il devient alors pour eux une source d’inspiration qui leur permettra d’oser, d’explorer, de prendre des risques et de sortir de leur zone de confort ; et ainsi de se constituer les éléments de « base secure ».
Le retour d’expérience d’Hélène dans le secteur de la restauration
Pour illustrer ces propos, Hélène nous fait part d’une expérience durant laquelle elle a eu l’occasion de mettre en œuvre le concept de « base secure ».
Nous sommes en 2020, la crise de la COVID-19 frappe le monde entier. Tout ce qui était ancré dans nos habitudes jusqu’alors est remis en cause. En tant que consultante pour l’UMIH (Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie), Hélène accompagne des dirigeants de restaurants et leurs collaborateurs pour faire face à la crise qu’ils subissent de plein fouet. Hélène constate rapidement que la situation est catastrophique, avec des enjeux principalement humains et financiers.
Les équipes ressentent un stress important et manquent cruellement de visibilité quant aux conditions de reprise de l’activité. Une semaine avant la réouverture annoncée, personne ne sait si le restaurant sera en mesure d’accueillir la clientèle en salle, seulement en terrasse ou uniquement en vente à emporter. Dans une telle situation et sans élément de réponse, il est difficile de prendre des décisions quant à la part du personnel en chômage partiel qui devra assurer les services à venir, la quantité des produits à commander, etc.
Pour faire face à ces défis, Hélène choisit de travailler avec les équipes sur la confiance en soi et ce qui fait leur « base secure », aussi bien en groupe qu’individuellement.
Rapidement, les différentes personnes se mettent d’accord sur le fait qu’aucun service ne se ressemble et qu’en conséquence, l’une des forces du groupe est sa capacité naturelle d’adaptation. Celle-ci est renforcée notamment par la réunion d’avant service où ils font le point sur les réservations, où ils prennent la décision du plat du jour, etc. Ils conviennent rapidement que leurs rituels permettent de sécuriser leur performance. Le groupe remarque aussi qu’il va au-delà de l’adaptation permanente en tirant des leçons des itérations passées pour adapter les occurrences futures.
Une autre étape du travail consiste à s’intéresser aux aléas classiques (la rupture de stock d’un produit, l’affluence imprévue, un groupe de convives en retard, l’absence d’un collègue, les changements de météos, etc.) puis aux aléas imprévisibles. Pour ce dernier cas, les membres du groupe font appel à leurs souvenirs pour se remémorer des situations vécues. Ils évoquent leurs craintes, leurs peurs mais aussi le sentiment de confiance, de fierté et le soulagement qu’ils ont ressenti et partagé après coup. Ils exposent les solutions imaginées et l’organisation mise en place dans telle ou telle situation délicate.
Hélène les invite ensuite à dérouler les 5C pour mettre en évidence les éléments les plus forts et les plus solides de leur « concept d’eux-mêmes », de quelle manière ils peuvent les utiliser pour se préparer à affronter le contexte à venir (personnel à mobiliser, approvisionnements limités, type de vente / accueil des clients, etc.). L’objectif est de développer la capacité à imaginer des solutions en combinant intelligence de situation et expérience pour stimuler l’éclosion d’idées, scénariser des hypothèses en imaginant les gestes, le rythme, les tâches à effectuer en utilisant des techniques de créativité comme : compléter des formules débutant par « et si… » ou « comment faire pour… ». Le groupe s’intéresse également aux comportements à transposer : la rapidité de réaction, la synchronisation verbale et non-verbale, l’entraide, la création et le partage du succès en fin de service. Enfin, le travail se termine sur les croyances liées aux valeurs fortes telles que le souci de l’accueil, la priorité à la satisfaction client, le respect mutuel, etc.
Les « soft skills » du manager de projet
Pour mener à bien ses missions, Hélène considère que le gestionnaire de projet doit trouver le bon équilibre entre exigence et bienveillance, avoir une vision systémique et la partager, savoir donner du sens, accompagner le changement (deuil de l’ancienne équipe et de l’ancienne organisation, digestion des chocs, etc.) et être capable d’innover, de faire confiance et faire preuve de créativité.
Comment développer sa confiance en soi ?
Pour développer votre confiance en vous, Hélène vous propose :
- D’identifier de manière concrète les relations et les actions qui font vos forces et votre confiance en vous,
- De vous entraîner à transposer ces forces et à les enrichir en cohérence avec les spécificités du nouveau contexte, du nouveau projet,
- De mettre votre énergie sur ce qui facilite la communication, la collaboration, la cohésion et votre assertivité, c’est-à-dire votre capacité à vous affirmer tout en respectant et en valorisant les autres.
Des séances de coaching vous permettront de vous questionner sur les sujets qui vous touchent et ainsi d’élaborer des réponses adaptées. Les sujets en question peuvent être liées à :
- Des problèmes propres au mode projet comme, par exemple le fonctionnement matriciel (double rattachement projet/métier avec des relations d’autorité bien souvent obscures et des conflits d’intérêts, le manque de visibilité au sujet de l’après-projet, etc.) ;
- Votre rapport à l’incertitude (peur, culpabilité, etc.) ;
- Votre aptitude à identifier les freins, accompagner le changement, donner du sens en mettant votre énergie et celle de vos collaborateurs dans l’ouverture et la recherche de solutions dans une perspective de co-création plutôt que dans la défensive et la justification ;
- Vos croyances et vos rapports à la performance (être dans la saisie d’opportunités plutôt que dans la recherche de perfection et adopter une logique « essai / ajustement » plutôt que « échec / réussite »).
Le coaching visera à développer :
- Votre identité managériale et votre style de leadership en tant que pilote de projet,
- Vos capacités de mise en acte de nouveaux processus, de nouvelles relations, notamment en vous adaptant aux situations du projet et aux parties prenantes,
- Vos capacités à créer du sens et à faciliter les prises de conscience, à démêler les enjeux, à partager votre vision, à co-produire avec les parties prenantes, etc.
À propos de la confiance…
Après la diffusion du podcast, Hélène a recueilli plusieurs témoignages et réalisé la carte mentale suivante :
Pour aller plus loin…
Pour terminer, Hélène nous suggère quelques livres :
- Oser la confiance (Vincent Lenhardt, Bruno Jarosson, en français)
- La résilience des organisations (Gilles Teneau, en français)
- Care to dare (Georges Kohlrieser, en anglais)
- The Power of Mindset Change, Why Mindset matters most? (Robert Dilts, Mickey Feher)
Enfin et pour conclure, je tenais à remercier vivement Hélène pour sa participation à ce premier épisode, ses conseils utiles et son aide dans l’élaboration de cet article.
PS : si vous souhaitez nous faire un retour sur ce premier épisode de podcast, vous pouvez le faire via ce lien. Les feedbacks sont grandement appréciés !