Ce mois-ci, j’ai rencontré Nicolas Sabatier, cofondateur de Team for the Planet. Nous savons tous qu’il est important de faire preuve de reconnaissance lorsque l’on interagit avec d’autres individus. Et pourtant, ce n’est pas toujours simple à mettre en œuvre. Parfois, alors que nous pensons bien faire, nous nous trompons. Faisons le point avec Nicolas…
Des organisations pour rendre les gens heureux
Nicolas a toujours souhaité réaliser un métier qui lui permettrait de rendre les gens heureux. C’est son leitmotiv. Pour Nicolas, être en contact avec d’autres personnes qui ont envie d’agir rend les gens heureux. Il s’est finalement retrouvé à créer plusieurs entreprises avec, toujours, cette volonté de rassembler et d’apporter du bonheur :
- Un bar-restaurant (l’Atenium, à Lyon) dédié aux rencontres et à la convivialité : des personnes sont devenus amis dans le bar, d’autres se sont rencontrés et se sont mariés ;
- Une association de colonies de vacances (Vitacolo, à Lyon) rassemblant de nombreux jeunes, dont plusieurs reviennent d’années en années ;
- Une houblonnière (Houblon du Moulin) pour produire, transformer et vendre du houblon bio aux professionnels et amateurs.
À l’origine de Team for the Planet
En 2019, Nicolas cofonde Team for the Planet (TFTP), dont la mission est de détecter et de diffuser des innovations qui permettent de décarboner la planète. Pour cela, TFTP :
- Détecte les innovations permettant de réduire ou de capturer les gaz à effet de serre ;
- Investit avec des montants importants pour doper la création ou le développement de la structure,
- Adjoint un créateur d’entreprise confirmé (la création d’entreprise est une compétence complémentaire à celles de l’innovateur, nécessaire pour développer la structure et porter l’idée à plus grande échelle, avec plus d’impact).
La reconnaissance, une problématique majeure dans les organisations
Dernièrement, Nicolas a donné une conférence où il comparait les organisations à un déménagement. Il fait souvent cette comparaison car c’est une situation qui parle à tout le monde et qu’une organisation n’est autre qu’un groupe de personnes qui se regroupe pour faire quelque chose en commun. Dans un déménagement, on retrouve de nombreux enjeux dont celui de la reconnaissance.
Pour Nicolas, la reconnaissance est liée au regard que porte l’autre sur nous-même et sur notre travail et plus globalement notre contribution à l’organisation.
L’un des grands défis des organisations est de déterminer la manière d’adresser sa reconnaissance à une personne donnée. Il est important de comprendre que la reconnaissance est une problématique individuelle. Chacun sera plus ou moins réceptif à une preuve de reconnaissance selon deux critères :
- le canal qui est utilisé pour faire preuve de reconnaissance,
- la personne qui fait preuve de reconnaissance.
Par exemple, si je dis à une amie que je la considère comme une belle personne, toujours positive et que je suis heureux d’être son ami, ce n’est peut-être pas ce qu’elle considère comme de la reconnaissance. Peut-être que pour que son besoin en reconnaissance soit assouvi, cette amie a besoin que ce soit son manager (la personne) qui lui écrive et lui envoie une carte (le canal).
Nicolas fait le parallèle entre la reconnaissance et l’amour. Dans le livre Le langage de l’amour, Gary Chapman explique que l’amour peut se témoigner par des paroles valorisantes, le contact physique, les services rendus, des moments de qualité ou encore par des cadeaux.
Le salaire comme levier de la reconnaissance ?
Nicolas considère que le salaire est rarement le critère numéro 1 pour les individus, il arrive néanmoins presque toujours en deuxième place. Dans notre société où les valeurs tournent bien souvent autour de la possession, on a tendance à se comparer à son voisin en fonction du salaire que l’on gagne. L’argent, de façon générale, est une base de comparaison universelle car c’est tangible, factuel et mesurable de la même façon chez tout le monde. Il est beaucoup plus difficile de se comparer en se basant sur des témoignages ou des moments d’échange par exemple.
Certains collaborateurs peuvent demander de l’argent alors qu’en réalité ils sont à la recherche de reconnaissance. Comme ils ne savent pas comment on peut leur en témoigner, ils demandent une augmentation ou une prime.
La reconnaissance, un besoin fondamental ?
Il faut souligner que la reconnaissance (le regard que quelqu’un porte sur nous) fait partie des besoins fondamentaux des individus (cf. pyramide de Maslow, analyse transactionnelle d’Éric Berne).
Également, chaque individu a besoin de stimulation, de reconnaissance et de structure (cf. analyse transactionnelle, Éric Berne). Un manager doit mettre en place des actions pour que ses collaborateurs réalisent leur travail tout en prenant en compte et en répondant à leurs besoins.
On naît en tant qu’individus avec des regards tournés vers nous-même. Cela nous permet de nous développer, de nous rassurer et de nous équilibrer psychologiquement. Le besoin de reconnaissance évolue ensuite en fonction des personnes (éducation, fragilités, confiance en soi, capacité à les exprimer, etc.). Il est différent d’une personne à l’autre mais existe chez tout le monde.
Un outil pour identifier les leviers de la motivation
Nicolas propose un outil concret aux managers pour bien comprendre ce qui est important pour leurs collaborateurs. Il s’agit de dresser une liste des leviers de la motivation (autonomie, mots, gestes, salaire, etc.) et d’attribuer une note de 1 à 3 pour chacun d’entre eux. En utilisant la pondération de chacun des critères, le responsable pourra ainsi mieux adapter son management.
L’exercice devrait aussi et surtout être effectué pour soi-même. Il peut être effectivement très difficile d’exprimer ce qui compte le plus pour nous en termes de reconnaissance, ce n’est pas quelque chose que l’on nous enseigne à l’école.
Il faut bien comprendre que la reconnaissance fonctionne en deux étapes :
- valoriser la qualité de son propre travail et se faire confiance sur sa capacité à le réaliser
- un regard extérieur peut venir confirmer cela, mais il faut s’interroger : qui peut me faire un retour sur cela ? Comment ce retour doit-il avoir lieu ?
Pour aller plus loin…
Nicolas mentionne trois livres qui l’ont inspiré à ce sujet :
- Le langage de l’amour (Gary Chapman)
- Les furtifs (Alain Damasio)
- Malevil (Robert Merle)
Pour contacter Nicolas, vous pouvez utiliser LinkedIn : https://www.linkedin.com/in/nicolas-sabatier